Association Marcq-Madagascar

Aggravation de la Situation Economique au Madagascar

Retour au village, suite à la pandémie

Au 19 août 2020

  1. L’épidémie COVID

Chiffres officiels au 19 août 2020

Nb de tests PCR effectués depuis mars-20

53 542

Nb de cas positifs

14 074

Guéris

12 921

En traitement (dont forme grave)

980 (89)

Nb de décès

173

Ces chiffres officiels masquent une réalité bien plus grave, le nombre de tests est insuffisant. Le commun des mortels se voit refuser le test s’il n’a aucun symptôme apparent. Et même malade avec des symptômes grippaux, le médecin va d’abord vous donner du paracétamol, voire un antibiotique avant de vous proposer un test. D’autre part, nombre de malgaches évitent l’hôpital et surtout ne veulent pas porter l’étiquette COVID, c’est-à-dire être considéré comme un pestiféré, dans un pays où la peste existe encore et crée chaque année plusieurs centaines de morts.

Le nombre de décès officiel ne recense que les décès à l’hôpital, or beaucoup de malgaches sont décédés chez eux, ce qui nous fait dire que le nombre de décès doit être multiplié au moins par 10, peut-être par 100 car l’épidémie ne touche pas que la capitale mais est bien présente dans les grandes villes de province (Majunga, Tamatave, Morondava, Tuléar…)

Dès le début de la pandémie, les efforts des autorités se sont concentrés sur la production du remède traditionnel amélioré COVID-Organic à base d’Artémisia. Les hôpitaux ont été rapidement débordés et des centres d’accueil COVID ont été créés à plusieurs endroits dans Antananarivo. Malheureusement les équipements de protection et de soin (respirateurs artificiels) sont en nombre insuffisant. Certains malades sont refusés dans ces hôpitaux en raison de cette surcharge.

  1. Situation économique

Le confinement a d’abord été strict au début de l’épidémie fin mars et en avril, il s’est relâché ensuite pour être de nouveau intensifié entre début juillet et mi-aout période durant laquelle l’épidémie a atteint son pic dans la capitale Antananarivo. Mais même durant le confinement strict, les activités de vente de PPN (Produits de Première Nécessité) et notamment de fruits et légumes, ont toujours pu se tenir le matin de 7h à 12h.

Dans un pays où 90% du travail est informel (24% du PIB) et le revenu souvent journalier, impossible d’empêcher les malgaches de gagner leur pain quotidien. « Le confinement n’est pas viable » déclare ces jours-ci le Président de la République Andry RAJOELINA.

Selon l’UNICEF, 77.6% de la population malgache vit dans l’extrême pauvreté.

Rapidement des aides internationales du FMI et de la Banque Mondiale sont arrivées et leur distribution a été menée par la Présidence sous forme d’aides sociales pour les plus vulnérables (100 000 Ariary soit environ 22 euros par ménage) et de distribution de PPN dans les grandes villes. Cette opération a suscité des jalousies des familles non bénéficiaires. Un recensement a donc été lancé dans l’urgence.

Les familles les plus nécessiteuses reçoivent (pour combien de temps ?) 1 sac de 50 kg de riz, 2 litres d’huile, 2kg de légumineuses et de la tisane CVO à base d’Artémisia, sensée prévenir la contagion du COVID.

Actuellement nous assistons en ville à des manifestations des salariés qui souvent depuis fin mars, sont au chômage « technique » mais il faut savoir que ce chômage n’est pas rétribué à Madagascar. Il n’y a pas de cotisation « chômage » pour les entreprises mais uniquement des cotisations Retraite et prestations familiales.

L’Etat a proposé à ces salariés au chômage, un prêt à taux 0 remboursable en 2021. Comment rembourser un prêt quand le salaire minimum est de 200 000 Ariary (soit 45 euros par mois) ? et que la majorité des salariés ne gagne pas plus que 2 fois ce salaire minimum même dans la classe moyenne.

Un des secteurs particulièrement touché par cette crise est le secteur touristique : hôtels, restaurants, guides et chauffeurs, artisanat et artistes, réserves protégées… soit 44 000 emplois directs et 300 000 emplois indirects. Plus aucun touriste depuis avril et l’espace aérien est toujours fermé jusqu’à nouvel ordre. Beaucoup d’opérateurs expatriés ont dû fermer leur structure et ont souvent rejoint leur pays. Des hôtels-restaurants sont à vendre un peu partout dans l’ile.

Le Président a reçu et écouté les opérateurs de Nosy-Be, la principale ile touristique au nord-ouest de Madagascar et leur a promis une possible ouverture de l’espace aérien en octobre mais rien n’a été dit pour les autres lieux touristiques de l’ile et même pour la capitale. Les opérateurs touristiques et plus généralement la Société civile réclame l’ouverture des liaisons aériennes.

Une étude de l’EDBM (Economic Development Board of Madagascar) a montré que 90% des entreprises ont subi une importante baisse de leur chiffre d’affaires et que les entreprises les plus touchées sont les PME et surtout les Très petites entreprises qui pour la plupart ont dû fermer.

  1. Education

Les écoles, lycées, universités sont fermés depuis fin mars avec une parenthèse d’ouverture en mai juin pour les classes d’examen : 7ème – 3ème – Tles. Les examens malgaches sont prévus début septembre. La continuité pédagogique n’a pas pu se mettre en place, Internet n’est pas accessible aux familles, l’abonnement étant trop onéreux. Quelques cours ont été diffusés via la télévision mais cela reste très insuffisant. La rentrée n’est pas encore prévue.

Selon l’UNICEF, seuls 8% des élèves atteignent le niveau 3ème à Madagascar.

Pour les étudiants, c’est une année blanche qu’ils subissent puisque la rentrée universitaire 2020 n’a pas été effective.

Plus que jamais, le peuple malgache a besoin de soutien face à cette crise qui est venue anéantir les efforts de redressement économique.

Antananarivo, le 20/08/2020

M. R.

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